Mohamed Talbi: Islamic Free Thinker

    For this historian, only just tolerated by the Tunisian regime, Islam is compatible with democracy, Muslims should free themselves from sharia, liberty is primary, and the pope therefore has the right to state his opinion. Benedict XVI has the right, “like everyone,” to express himself. Mohamed Talbi was furthermore not really surprised by the statements of the pope at Ratisbonne. {(continued below in French)} Pour cet historien tout juste tol_r_ par le r_gime tunisien, l’islam est compatible avec la d_mocratie, les musulmans doivent se d_livrer de la charia, la libert_ prime, et le pape a donc le droit de donner son opinion Beno_t XVI a le droit, ” comme tout le monde “, de s’exprimer. Mohamed Talbi n’a d’ailleurs pas _t_ vraiment surpris par les propos du pape _ Ratisbonne. ” Je connaissais les _crits de celui qui a _t_ le cardinal Ratzinger. Je savais que, pour lui, comme pour beaucoup d’Occidentaux, l’islam est synonyme de violence, et je le d_plore, dit-il tranquillement. Mais la libert_ ne se divise pas. Le pape a eu raison de donner son opinion sur l’islam, avec franchise et sinc_rit_. ” En mati_re de libert_, Mohamed Talbi ne fait pas dans la demi-mesure. A 85 ans, l’homme est un curieux m_lange d’intransigeance et de tol_rance. On le dit de plus en plus radical. Peut-_tre est-ce plut_t qu’il ne fait plus la moindre concession. L’historien a attendu d’_tre au soir de sa vie pour entrer en dissidence. ” Pas de politique ” a _t_ sa profession de foi pendant des ann_es. Mais comment respecter ce credo lorsqu’on est un homme de foi et de conviction ? Longtemps, cet agr_g_ d’arabe, sp_cialiste du Moyen Age au Maghreb, a cru pouvoir composer avec le pouvoir, au motif qu’il _tait un serviteur de l’Etat. En 1989, il chavire. Ce qu’il avait support_ d’Habib Bourguiba, le lib_rateur de la nation devenu un dictateur, Mohamed Talbi ne le supporte plus de son successeur, Zine El-Abidine Ben Ali, pr_sident de la R_publique depuis 1987. Lorsqu’on lui refuse le droit de lancer une revue consacr_e _ une interpr_tation moderne de l’islam, puis qu’on interdit en Tunisie l’un de ses ouvrages, Iyal Allah (La Famille de Dieu), l’universitaire admet qu’il ne peut plus continuer _ dresser des barri_res entre son travail de chercheur et la vie de la cit_. En 1993, il abandonne la derni_re des fonctions officielles qu’il d_tenait encore, celle de pr_sident du Comit_ culturel national. ” J’ai vir_ et on m’a vir_ “, r_sume-t-il, assis dans son salon aux murs couverts de livres, dans le quartier du Bardo, _ Tunis. En 1995, il entre au Conseil national pour les libert_s en Tunisie (CNLT, non reconnu). Une association, pas un parti. ” Je n’ai jamais adh_r_ _ un parti, dit-il. La libert_ est la dimension structurante de ma pens_e. ” Mohamed Talbi va alors consacrer sa vie aux libert_s, sans renoncer _ sa sp_cificit_ : la r_novation de la pens_e musulmane. Si le pouvoir tunisien l’a dans le collimateur, il ne le harc_le pas. L’historien est surveill_, mais il n’est ni jet_ en prison ni rudoy_ par la police. On se contente d’_touffer sa voix et d’interdire ceux de ses livres qui paraissent trop audacieux, comme Penseur libre en Islam (Albin Michel, 2002), analyse de l’_chec de la d_mocratie dans le monde arabe et d_nonciation du r_gime Ben Ali. Beaucoup, en Tunisie, d_plorent que des r_formateurs tels que lui, Hichem Ja_t, Abdelmajid Charfi, ou encore H’Mida En-Nayfer, soient _cart_s par le pouvoir. Plut_t que de mener, depuis maintenant plus de quinze ans, la chasse aux islamistes, pourquoi ne pas tenter un travail en profondeur avec ces partisans de l’islam des Lumi_res ? ” Parce que les autorit_s tunisiennes se m_fient de personnalit_s aussi autonomes “, r_pond l’universitaire Sana Ben Achour. En Europe, ce pionnier du dialogue interreligieux a _t_ tr_s en vue dans les ann_es 1970 avant de tomber dans l’oubli. Ses positions ont fini par indisposer. Il _tait de plus en plus pol_mique _ l’_gard des chr_tiens, auxquels il reproche de ne pas pousser assez loin leur r_flexion sur l’islam. ” Je comprends les r_actions de Talbi, m_me si je ne les partage pas toujours. Son sens de la justice et sa qu_te de la v_rit_ le conduisent parfois _ des jugements excessifs. Mais c’est un homme sinc_re, fondamentalement croyant et profond_ment attach_ au message du Coran “, souligne l’un de ses amis, le P_re Michel Lelong. Mohamed Talbi est aujourd’hui ignor_ du grand public, en France comme en Tunisie. Seul ou presque, l’hebdomadaire Jeune Afrique n’a de cesse de faire conna_tre ses id_es. Lui finit en ce moment m_me de r_diger ce qui sera un peu son testament spirituel. Dans cet ouvrage de 400 pages, il clame une fois encore que ” l’islam est libert_ ” et qu’il est ” tout _ fait compatible ” avec la d_mocratie et la modernit_. La charia (loi islamique) est une ” production humaine ” qui n’a ” rien _ voir ” avec l’islam, mart_le-t-il. Les musulmans doivent ” se d_livrer ” de ces textes juridiques apparus deux si_cles apr_s le Proph_te et qui donnent de leur religion une image d’_pouvante. Jamais le Livre saint n’a recommand_ de couper la main des voleurs ou de lapider les femmes adult_res ! ” Seul, le Coran oblige “, r_p_te-t-il inlassablement. Si l’islamologue tunisien s’oppose avec force _ toutes les interpr_tations pass_istes de l’islam – le salafisme, le wahhabisme, en particulier -, il combat avec autant d’_nergie la d_sacralisation du Coran. R_nover la pens_e musulmane, ce n’est pas pr_ner ” un islam la_que, un islam sans Dieu “, insiste-t-il. Mohamed Talbi n’est pas tendre envers ces ” d_sislamis_s ” qui pr_nent ” un islam commode “, purement identitaire. ” La religion n’est ni une identit_, ni une culture, ni une nation. C’est une relation personnelle _ Dieu, une voie vers lui. On peut _tre musulman et de culture hollandaise, fran_aise ou chinoise “, explique-t-il avec force. A ses c_t_s, une femme longue et blonde, aux yeux bleus, l’_coute avec attention. C’est Irmgard, sa femme, d’origine allemande, rencontr_e _ Paris ily a tout juste cinquante ans. Irmgard ne s’est convertie _ l’islam qu’en 1996, au terme d’un long cheminement. Ils ont deux fils et deux petits-enfants. Ceux-ci suivent-ils le chemin de leur p_re et grand-p_re ? M. Talbi sourit. ” Je ne sais pas. Je ne leur pose pas la question et je ne leur offre m_me pas mes livres. Si je le faisais, cela reviendrait _ dire : “Lisez-moi”. Je m’y refuse. ” C’est dans le m_me esprit que Mohamed Talbi reconna_t aux caricaturistes le droit de brocarder le proph_te Mahomet et _ Michel Houellebecq – ” un gar_on sympathique ” – le droit de dire et d’_crire que l’islam est la religion ” la plus con du monde “. La religion, quelle qu’elle soit, ne doit pas _tre une contrainte. ” Je veux d_crisper les gens, et je veux le faire au nom du Coran. La foi est un choix, souffle-t-il de sa voix _ la fois fluette et ferme. Je ne cesserai jamais de dire que l’islam nous donne la libert_, y compris celle d’insulter Dieu… “

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    Sources